
Nous
nous contentons, dans cette
rubrique, de résumer quelques
articles de presse que nous jugeons
intéressants ou importants. Notre
rédaction n'approuve pas forcement
le contenu de ces articles.
L’infertilité des couples au Maroc,
une tragédie médicale et sociale
(1)
Trente-quatre ans après Louise
Brown, le premier bébé éprouvette né
en 1978 en Angleterre, il y aurait
eu 5 millions de naissances grâce à
la fécondation in vitro (FIV) dans
le monde. Et si le rythme de ces
dernières années se poursuit, on
atteindra les 10 millions en 2027.
Aujourd'hui, certains observateurs
du secteur médical au Maroc,
s'interrogent sur l'absence de
statistiques sur cette activité,
aussi bien lucrative que coûteuse,
rangée sous le label de procréation
médicalement assistée (PMA). Car,
cette dernière a connu ces dix
dernières années un essor fulgurant
chez nous, grâce à des gynécologues
obstétriciens et à des biologistes
de la reproduction du secteur
libéral. Cependant, il faut le
souligner, au jour d'aujourd'hui, il
n'existe aucune structure publique
au Maroc pour la prise en charge
thérapeutique de l'infertilité du
couple selon les techniques de la
PMA.
Si cette question est soulevée
aujourd’hui, c’est parce que des
dizaines, voire des centaines de
couples Marocains, vivent leur
stérilité comme une tragédie
médicale et sociale. La stérilité
est une cause fréquente de divorce.
De même, Il n'existe aucune liste
officielle des centres Marocains
agrées en PMA.
Par ailleurs, les organismes payeurs
comme la CNOPS et la CNSS, ainsi que
les assurances privées, n'offrent
qu'un forfait, qui est en deçà des
coûts réels d'une PMA réussie,
c'est-à-dire qui a abouti à une
naissance vivante.
La responsabilité médicale
scientifique exige, que durant les
prochaines années, comme cela existe
pour plusieurs données publiées dans
les rapports établis par des
organismes internationaux,
figureront les statistiques de la
PMA dans nos structures privées et
publiques. Car, une grande nouvelle
pour les couples démunies qui
souffrent d'infertilité dans notre
pays, le premier centre de PMA,
ouvrira ses portes très
prochainement à la maternité des
Orangers du Centre Hospitalier Ibn
Sina de Rabat, grâce à un projet de
coopération, piloté par le Pr.
Rachid BEZAD, Médecin-chef du Centre
National de la reproduction Humaine.
L’éternel mal de vivre des malades
mentaux(2)
Les malades mentaux souffrent dans
une grande solitude. C’est un coup
de gueule que lance Madame Ilham
Ibrahimi, présidente de Chams,
l’Association de Tensift pour la
santé mentale en déclarant : «je
compte sérieusement démissionner.
Après six ans d’existence et de
bataille, j’ai l’impression que
notre association n’a pas été au
bout de ses objectifs». Et
d’ajouter: «Pour les responsables
psychiatriques du CHU de Marrakech,
notre rôle devrait se limiter à
apporter des cadeaux (gâteaux et
vêtements) aux malades alors que
nous aspirons à plus». Selon elle,
la maladie n’est pas une honte et il
y a une réelle possibilité d’évoluer
mais encore faut-il encourager les
initiatives. Ce qui est apparemment
loin d’être le cas, faute de
reconnaissance.
Résultat ce sont les malades qui en
pâtissent et vivent dans des
conditions déplorables. Mme Ibrahimi
ne voit pas la nécessité d’organiser
une quelconque manifestation pour
marquer la Journée mondiale de la
maladie mentale célébrée le 10
octobre : «A quoi cela servirait-il
de provoquer tout un tapage autour
d’un sujet qui ne manquera pas
d’être relégué aux oubliettes?».
Même transitoire, un AVC altère la
qualité de vie(3)
Selon un groupe de chercheurs
dirigés par le Pr Peter Rothwell de
l'université d'Oxford au
Royaume-Uni, les conséquences des
accidents vasculaires cérébraux
(AVC) sur la qualité de vie sont
sous-estimées
Dans l'accident ischémique
transitoire (AIT), la forme
transitoire de l'AVC, les symptômes
ne durent que quelques heures et ne
laissent que peu ou pas de
séquelles. On pensait donc que la
qualité de vie était peu altérée
après ce type d'accident. Mais les
données de l'Oxford Vascular Study,
publiées dans l'édition en ligne de
la revue Neurology le 9 octobre,
montrent qu'il n'en est rien.
La qualité de vie ne se résume pas à
la santé et aux capacités physiques.
Elle inclut aussi la sensation de
bien-être psychologique et social.
L'Organisation mondiale de la santé
(OMS) la définit d'ailleurs comme
«un large champ conceptuel,
englobant de manière complexe la
santé physique de la personne, son
état psychologique, son niveau
d'indépendance, ses relations
sociales, ses croyances personnelles
et sa relation avec les spécificités
de son environnement». Grâce à des
questionnaires, les économistes de
la santé sont maintenant capables de
raisonner en unités de qualité de
vie, les QALYs. Un QALY est
équivalent à une année de vie en
bonne santé.
«Notre étude montre que les AVC et
les AIT ont un impact négatif sur la
vie des patients, non seulement en
augmentant leur risque de mourir et
donc en réduisant leur espérance de
vie, mais aussi en réduisant
considérablement leur qualité de
vie», explique le Dr Ramon
Luengo-Fernandez, de l'université
d'Oxford, principal auteur de
l'étude. Que les AVC impactent
fortement la qualité de vie n'est
pas une surprise. En revanche, les
conséquences de l'AIT sur la qualité
de vie ne doivent plus être
minimisées. Là où l'AVC correspond,
sur cinq années, à une perte de 2,8
QALYs, l'AIT équivaut à une perte de
1,7 QALYs.
Manger moins améliorerait les
traitements anticancers(4)
Un régime pauvre en sucres et en
graisses diminue le risque de cancer
alors que l’obésité l’accroît. Ce
lien entre corpulence, régime
alimentaire et cancer, est
maintenant bien établi. Mais la
restriction calorique pourrait-elle
avoir une influence sur l’efficacité
des traitements antitumoraux ? C’est
ce que l’équipe du Centre
méditerranéen de médecine
moléculaire (C3M, université de
Nice) a voulu savoir en soumettant
des souris atteintes de lymphomes à
un régime hypocalorique pendant une
vingtaine de jours.
Les chercheurs ont réduit de 25 %
l’apport calorique des rongeurs, par
rapport à leurs besoins énergétiques
quotidiens. Ils ont ensuite observé
l’expression de gènes de la famille
Bcl-2, des oncogènes impliqués dans
l’apparition de nombreux cancers.
Ils ont alors constaté que la
restriction calorique réduisait de
près de 40 % l’expression de l’un de
ces oncogènes, Mcl-1. Ce qui a
permis de booster un traitement
antitumoral habituellement peu
efficace. L’espérance de vie médiane
est passée de 30 jours dans le
groupe de souris témoin, à 41 jours
pour les autres.
De là à évaluer cette approche dans
les conditions réelles, il y a un
pas que les auteurs ne franchissent
pas. « La restriction calorique
n’est pas recommandée chez les
patients cancéreux, indiquent les
auteurs dans la revue Blood. Elle
les affaiblit et a d’autres
répercussions. Il faut donc que nous
établissions une fenêtre
thérapeutique pour cette
restriction. Pour cela, nous allons
tester si un régime hypocalorique
limité à quelques jours avant une
chimiothérapie permet d’obtenir les
mêmes résultats. »
Les bactéries résistent aux
antibiotiques en communiquant entre
elles(5)
Dans un article publié dans la revue
PLOS One, le Docteur Miguel Valvano
et le doctorant Omar El-Halfawy ont
montré qu'au sein d'une population
bactérienne, les cellules les plus
résistantes aux antibiotiques
produisaient et transmettaient des
molécules aux cellules plus faibles
afin de les fortifier. Ces
molécules, dérivées d'acides aminés
modifiés, protègent les cellules les
plus fragiles chez la bactérie
Burkholderia cepacia (B. cepacia),
mais aussi d'autres bactéries parmi
lesquelles on retrouve la
Pseudomonas aeruginosa, un agent
pathogène très répandu chez les
personnes atteintes de fibrose
kystique, ou encore E. coli.
"Ces résultats témoignent de
l'existence d'un nouveau mécanisme
de résistance aux antimicrobiens qui
repose sur une communication
chimique entre les cellules
bactériennes. Cette communication
est rendue possible par des
molécules microscopiques qui les
protègent des effets des
antibiotiques", explique le Docteur
Valvano, professeur adjoint au
Département de Microbiologie et
d'Immunologie de la Schulich School
of Medicine & Dentistry de
l'Université de Western Ontario, et
titulaire d'une chaire à la Queen's
University Belfast. "Cela ouvre la
voie à l'élaboration de traitements
innovants destinés à inhiber les
effets de ces substances chimiques,
ce qui permettrait de lutter
efficacement contre le problème de
la résistance aux antimicrobiens".
Génétiquement prédisposé au
pessimisme?(6)
Une chercheuse de l'Université de la
Colombie-Britannique a déterminé
qu'une variante génétique déjà
connue amène certains individus à
percevoir leurs expériences
émotionnelles, et surtout les
expériences négatives, de manière
particulièrement intense.
La Professeur Rebecca Todd explique
que le gène en question, une
variante par suppression du ADRA2b,
influence la production de
norépinéphrine, une hormone qui joue
un rôle dans des domaines comme les
émotions, l'attention et la
vigilance.
Pour en arriver à cette association,
la chercheuse a présenté, en
succession rapide, des mots
positifs, négatifs ou neutres à 200
participants à l'étude. Ceux qui
avaient la variante ADRA2b étaient
plus susceptibles de remarquer les
mots négatifs que les autres, tandis
que les deux groupes percevaient
mieux les mots positifs que les mots
neutres.
Selon la Pr Todd, ces personnes
seraient plus enclines que les
autres à repérer les gens en colère
dans une foule, ou encore à
identifier des dangers potentiels
plutôt qu'à profiter de la beauté de
leur environnement.
Les résultats de ces travaux amènent
la chercheuse à se demander s'il
existe aussi un gène lié à
l'optimisme.
Elle explique que certains
chercheurs s'intéressent déjà à des
variantes génétiques qui auraient un
impact sur la production de
dopamine, une hormone qui joue sur
la recherche et l'attente du
plaisir, et d'ocytocine, qui est
important dans le développement de
liens sociaux.
Mais le fait de voir le verre à
moitié vide ou à moitié plein ne
peut être lié uniquement à la
génétique. La chercheuse pense que
les gènes ne peuvent être qu'une
partie de l'équation. Ils peuvent
vous prédisposer à pencher dans une
certaine direction. Mais plusieurs
autres facteurs, comme vos
expériences de vie, influencent
aussi grandement votre perception du
monde.
Alzheimer : un traitement oral
porteur d’espoir… (7)
On estime qu’à travers le monde plus
de 35 millions de personnes seraient
concernées par la maladie
d’Alzheimer. Face à ce constat et
devant l’impossibilité d’enrayer le
processus dégénératif, Giovanna
Mallucci et ses collègues de
l'Université de Leicester ont
étudié, en collaboration avec les
laboratoires de la firme
pharmaceutique britannique
GlaxoSmithKline, l’éventualité de
bloquer la mort des cellules
nerveuses. C’est de ces travaux et
de cette réflexion qu’est né le
composé chimique, connu sous le nom
de GSK2606414.
Afin de vérifier son impact sur le
cerveau, les chercheurs l’ont testé
sur 29 souris infectées par des
prions qui provoquent des
encéphalopathies du même type que
celle à l’origine de la maladie de
Creutzfeldt-Jakob. Ils ont ensuite
comparé leurs données à celles
obtenues avec des rongeurs infectés
mais qui n’ont pas reçu de
traitement particulier.
L’équipe de Giovanna Mallucci a
ainsi montré que les souris,
traitées sept semaines après
l’infection par le GSK2606414,
n’avaient pas de troubles
particuliers de la mémoire,
contrairement aux autres souris.
L’examen des tissus cérébraux a
permis de montrer que le composé
chimique limitait considérablement
les dommages et les lésions,
typiques de ce type de maladies
neurodégénératives. Un bémol
toutefois, si l’on tarde trop à
traiter, le traitement n’est plus
efficace. En effet, les souris ayant
reçu le composé chimique 9 semaines
après l’infection étaient dans le
même état que les non-traitées.
Un
vaccin contre le paludisme pourrait
être commercialisé en 2015
Le groupe pharmaceutique GSK a
annoncé mardi qu’il s'apprêtait à se
lancer dans les démarches
administratives qui lui permettront
de commercialiser un vaccin
antipaludéen destiné aux enfants
d'Afrique subsaharienne. En effet,
les premiers essais ont été jugés
"encourageants" par la firme
britannique. Jusqu'à 46% de cas en
moins "C’est le premier vaccin
contre la malaria", a indiqué Sophie
Biernaux, une responsable du projet
chez GSK. "On a mis 27 ans pour le
développer [ ... ] et nous sommes
les seuls à avoir ces données-là
pour le moment pour un large nombre
d’enfants, puisqu’on a testé le
vaccin sur 15.000 enfants qui vivent
en Afrique sub-saharienne".
Selon GSK, le vaccin a permis de
réduire de 46% le nombre de cas chez
les enfants vaccinés entre 5 et 17
mois, et de 27% chez les nourrissons
de 6 à 12 semaines, sur une période
de 18 mois.
Si, en 2014, le groupe obtient les
autorisations nécessaires auprès de
l'Agence européenne du médicament
(EMA), l'Organisation mondiale de la
santé (OMS) pourrait recommander ce
vaccin dès 2015.
Zitouni
Imounachen,
Docteur en pharmacie
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