Article N° 5878

VACCINATION

Vaccination : l’ambigüité profitera à la maladie!

Abderrahim DERRAJI - 14 novembre 2017 04:37

Le DMarc Gentilini, professeur en médecine et spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, s’est insurgé, la semaine dernière, au sujet des propos prononcés, le 7 novembre au théâtre des Mathurins à Paris, par le Pr Luc Montagnier (1) et le Pr Henri Joyeux (2). Ces professeurs, tout en rappelant «qu’ils ne sont pas contre la vaccination», ont remis en question le recours à l’hydroxyde d’aluminium dans la fabrication des doses de vaccins.

Le Pr Luc Montagnier a étayé ses dires par un cas de mort subite du nourrisson qui a eu lieu 24 heures après avoir été vacciné. «Le vaccin n'est peut-être pas la cause, mais c'est une relation temporelle sérieuse», a-t-il affirmé. Il a également fait part à l’auditoire d’un hypothétique «lien» entre la vaccination et la sclérose en plaques et même la maladie d’Alzheimer !

«Qu'un Prix Nobel de médecine, pasteurien de surcroît, tienne des propos volontairement ambigus et alarmistes sur la vaccination, sujet qui sort de son domaine, est inacceptable. C'est une dérive pathétique», a déclaré le Pr Marc Gentilini. Cet expert souhaite que l'Académie de médecine rappelle à l'ordre le Pr Montagnier, qui est membre titulaire de cette institution, d’autant plus que ses déclarations contredisent les prises de position et les messages que l’Académie a toujours émis en faveur de la vaccination.

Lors de cette conférence qui a eu pour thème : « Oui au vaccin, non aux 11 vaccinations du nourrisson.», le Pr Henri Joyeux, a qualifié l’extension vaccinale de 3 à 11 vaccins en France de «dictature vaccinale» avant de plaider en faveur de la «valorisation» du rôle du médecin. «Il est intelligent, formé, il est responsable de l'acte de vaccination, ou de son refus, au cas par cas, en fonction de l'état de santé de l'enfant, et de l'allaitement maternel», a affirmé cet oncologue.

De telles déclarations s’adressant directement à un public, qui ne maîtrise pas forcément certains aspects techniques de cette problématique, le rendront de plus en plus sceptique aux recommandations de l'autorité sanitaire et des sociétés savantes. Ces sorties médiatiques crédibilisent, au passage, certaines théories, circulant sur la toile, qui font des «complots» et des «conflits d’intérêts» leur fonds de commerce.

Que des experts ne soient pas d’accord entre eux au sujet de pratiques médicales et de protocoles thérapeutiques est tout ce qu’il y a de plus normal. Un débat contradictoire entre spécialistes est même essentiel pour améliorer l’exercice de la médecine. Seulement, si les initiatives individuelles, basées sur des faits avérés ou non, se multiplient en prenant à témoin les patients et leur entourage, les professionnels de santé vont avoir de plus en plus de mal à convaincre leurs patients d'adopter les protocoles thérapeutiques recommandés. Ces initiatives risquent même de les jeter en pâture à d’autres thérapeutes faisant peu cas des scrupules.

Et comme ces différends seront probablement tranchés par le «tribunal des réseaux sociaux», il est fort à parier que les inepties vont avoir de beaux jours devant elles !

(1) Luc Montagnier, biologiste virologue français, co-lauréat avec Françoise Barré-Sinoussi du prix Nobel de physiologie ou médecine, pour la découverte, en 1983 du VIH.(2) Professeur de médecine français spécialiste des maladies infectieuses et tropicales.
(3) Ancien professeur des universités, praticien hospitalier de cancérologie et de chirurgie digestive à l'université Montpellier 1.

Source : PharmaNews 415