Au moment où les syndicats de pharmaciens poursuivent les discussions avec le Cabinet ministériel pour éviter les assouplissements concernant la vente en ligne des médicaments que prévoit la Loi d’accélération et de simplification de l'action publique (ASAP), un jugement, et non des moindres, vient d’être prononcé en leur faveur.   En effet, l’Union des groupements des pharmaciens d’officine (UDGPO) a intenté, il y a cinq ans, un procès, afin que les bonnes pratiques de dispensation en vigueur en France soient applicables sur le marché français à toutes les pharmacies, y compris les pharmacies en ligne opérant à partir des autres États membres de l’Union européenne.   L’avocat général de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a conclu que les sites de vente en ligne de médicaments ne pourront plus faire fi de la réglementation française. Par une telle décision, l'avocat général de la CJUE sonne le glas  aux distorsions de concurrence qui impactent de plus en plus le chiffre d’affaires des officines françaises.

Le nouveau ministre de la Santé (France), Olivier Véran, qui a succédé à Agnès Buzyn, a affirmé la semaine dernière devant les sénateurs que l’article 34 du projet de Loi d’accélération et de simplification de l’action publique comportant la notion de «plateforme» sera supprimé. Cet article inquiète les pharmaciens qui peuvent, depuis 2013, effectuer des ventes en ligne de médicaments à prescription facultative à condition que le site de vente soit adossé à une pharmacie et autorisé par l’Agence régionale de santé (ARS). L’article décrié par les pharmaciens et leurs instances prévoit d’assouplir le système existant actuellement. L’autorisation de l’ARS n’est plus exigée et le «périmètre des lieux possibles» allait être élargi. En d’autres termes, les pharmacies pourraient se regrouper pour créer un site commun. «Avec ce texte, on ouvre la voie à l'uberisation de la pharmacie. Demain, si Amazon veut s'associer à un ou plusieurs pharmaciens diplômés, il pourra le faire et se lancer dans la vente en ligne de médicaments. On passe au stade de la marchandisation du médicament contre laquelle nous nous sommes toujours battus», a déclaré au «Parisien», le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine. Olivier Véran a, quant à lui, indiqué que son gouvernement n’avait nullement pour objectif de créer une plateforme du même genre que le géant Amazon pour la vente de médicaments en ligne.

La justice vient d’autoriser Doctipharma à vendre en ligne les médicaments à prescription facultative. Cette décision vient annuler l’interdiction prononcée contre Doctipharma en première instance en 2016. Pour Doctipharma, site qui prélève au passage une commission de 15% sur les ventes des pharmaciens, c’est un pas de plus vers la  libéralisation du marché. La Cour d'appel de Versailles justifie son jugement par le fait que Doctipharma était une plateforme technique utilisée par quelque 500 pharmaciens et non pas un purplayer «pratiquant le commerce électronique de médicaments». L’UDGPO a également intenté un procès contre Pharmarket. Quant au Conseil de l’Ordre des pharmaciens, il a gagné un procès contre 1001pharmacies.com qui n’a eu d’autre choix que de renoncer à la vente de médicaments en ligne. Amazon, Rival CDiscount, Leclerc et d’autres géants se frottent les mains et doivent voir cette décision comme le début de la fin du monopole du pharmacien sur le médicament...