Article N° 4317

ACCÈS AUX SOINS

Accès aux soins : du chemin reste à faire....

Abderrahim Derraji , Docteur en pharmacie - 17 février 2015 00:42

La petite et pétillante Malak qui a pris pour habitude d'accompagner sa maman à la pharmacie, a perdu de sa jovialité. C'est d'ailleurs la raison qui explique sa présence à la pharmacie. En effet, et malgré deux visites chez des médecins généralistes et deux cures d'antibiotiques, son état ne s'est guère amélioré. Pire, depuis quelques jours, des nausées, des maux de tête et un terrible torticolis ne la quittent presque plus.

Devant ce tableau, au demeurant inquiétant, le pharmacien a commencé par faire part à la jeune  maman de son inquiétude et de ses craintes et a fini par la convaincre d'aller d'urgence chez son pédiatre.
Après un examen médical minutieux, une batterie d'analyses médicales et un scanner, le verdict est tombé tel un couperet. En effet, le scanner a révélé une grosse tumeur située à la base du cerveau. Le pédiatre a suggéré à la maman de prendre rapidement contact avec un neurochirurgien.
La maman qui était sous le choc, n'avait d'autres choix que de prendre son courage à deux mains, et sur conseil du neurochirurgien, la petite fille vient d'être hospitalisée dans une clinique à Casablanca pour subir une opération chirurgicale très délicate. Un parcours de soins va, sans nul doute, bouleverser la vie de cette petite fille et de sa famille.
Le coût de l'opération est estimé à 50000 DH ! La  maman devrait y laisser ses maigres économies et envisage même de contracter un crédit puisque le plafond prévu par l'AMO dans ce cas serait limité, selon la maman, à 20000 DH.  
Le cas de Malak doit nous interpeller  et nous rappeler qu'une maladie de ce genre peut toucher n'importe quelle famille. Et en dehors de quelques privilégiés qui ont les moyens de souscrire à une mutuelle couvrant de telles prestations, la majorité des citoyens se retrouve démunie face à ces pathologies lourdes dont la prise en charge peut dans certains cas avoisiner le million de dirhams, voire plus.
On ne peut nier que le Maroc a fait de grand progrès dans l'amélioration de l'accès aux soins, on regrette cependant que des familles comme celle de la petite Malak se retrouvent seules face à la maladie et à ses dépenses.
La solidarité qui caractérise notre société permet, dans bien des cas, d'apporter du baume au cœur des malades et de leurs familles. Les marocains n'abandonnent presque jamais leurs malades, y compris les plus âgées d'entre eux. Mais le coût exorbitant inhérent à la prise en charge de certaines pathologies ne peut être supporté par des familles aux revenus modestes aussi solidaires soient-elles.
Enfin, toute société qui se veut solidaire et humaine devrait mettre en place des mécanismes permettant la prise en charge médicale de tous ses citoyens. Car quelque soit notre statut social, nous sommes tous démunis face à la maladie?
Abderrahim DERRAJI
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Source : PHARMANEWS 277